Ils étaient toujours quatre personnes ; parfois un autre couple les rejoint et ils font six, mais ils n’étaient jamais deux. La situation a ainsi continué pendant presque un an. Luo et Guo étaient mariés - le malheur commun des hommes de cette époque. On a jamais entendu le mot l’amour et on est déjà marié ; et on a déjà plusieurs enfants. Entre Luo et Guo, et leurs deux petites amies, on laisse cours francs leurs sentiments, mais on reste toujours dans la lisière de la coutume sociale. Et ça ne gêne personne non plus.
Les quatre se voyaient presque chaque jour, mais ils s’écrivaient toutefois aussi très souvent. Quand les deux filles n’étaient pas là, les deux hommes discutaient de leurs amies avec grand entrain. Ils partagent entre eux leurs lettres. Ils savourent chacun de leurs mots, de leurs gestes, de leurs sourires. Ils étudiaient ensemble méticuleusement leurs personnalités par leurs manières d’écrire, et par leurs choix des mots. Ils décident que mademoiselle Zhou est une fille de courage, et mademoiselle Fan une de quiétude. Ils analysent tout, de toute la profondeur, ils n’en ont trouvé aucune nouveauté depuis longtemps, mais ils continuent leur jeu avec enthousiasme. Chacun ne lésine sur ses compliments envers l’amie de l’autre, mais chacun est de l’avis que sa propre amie est la meilleure. Ils ne sont jamais rassasiés de leur jeu. En Chine, pendant ce temps-là, la relation romantique était une expérience toute nouvelle : on profite avec toute excitation d’une relation purement spirituelle.